lundi, décembre 14, 2015

REGIONALES 2015 : LE FN SERAIT-IL QUAND MEME LE GRAND VAINQUEUR ??

L'EXPRESS 14.12.2015


SECOND TOUR - Dimanche, la gauche a poussé un "ouf" de soulagement: le parti lepéniste n'a conquis aucune région. Mais il a encore progressé à l'occasion de ces élections régionales.

En apparence, les trois camps entre lesquels se partagent désormais les Français ont tous perdu ce second tour des élections régionales. Mais un seul a quelques raisons de se montrer satisfait: le Front national. 

Le "ouf" de la gauche

Procédons par ordre. La gauche a poussé un "ouf" de soulagement dimanche. Elle espérait sauver les meubles? Elle a, de fait, conservé cinq des douze régions de l'Hexagone. Elle s'était aussi fixé pour objectif d'empêcher toute victoire du Front national? Sa stratégie de retrait ou de désaveu de ses candidats dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, en Provence-Alpes-Côte d'Azur ou dans le Grand Est a fonctionné.  
Certes. Il n'empêche que la gauche recule spectaculairement. Elle a perdu 11 des 21 régions qu'elle possédait en métropole avant le scrutin. C'est pour le pouvoir une sévère sanction. 

A droite, du demi-succès au sérieux échec

La droite n'a pas plus de raison de se réjouir. Voilà quelque temps, elle se prenait à rêver d'un "grand chelem"? Elle doit se contenter d'un demi-succès qui est en réalité un sérieux échec. L'impopularité du gouvernement aurait dû lui profiter, comme ce fut le cas en 1992, où elle avait conquis 20 des 22 régions de l'époque. Hélas pour elle, le très haut niveau du FN a contrarié ses plans. Elle se retrouve, en prime, face à un dilemme stratégique: en droitisant son discours, Nicolas Sarkozy croyait concurrencer le Front national. Il se pourrait qu'il contribue à le crédibiliser. 
En 2010, la gauche avait presque réussi un grand chelem aux régionales. Cinq ans plus tard, le PS abandonne 7 régions au profit de la droite.
En 2010, la gauche avait presque réussi un grand chelem aux régionales. Cinq ans plus tard, le PS abandonne 7 régions au profit de la droite.
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Reste, précisément, le parti lepéniste. Evidemment, il n'a obtenu aucune des présidences qu'il convoitait. Evidemment, la hausse de la participation lui a été défavorable. Evidemment, la majorité des électeurs de gauche, malgré leurs réticences, ont préféré voter pour les candidats des Républicains que de voir triompher ceux du Front national. 

Un record pour l'extrême-droite

Ces régionales marquent-elles pour autant une défaite pour ce parti? Non. Car rappelons-le: lors du scrutin de 2010, le FN avait obtenu 9% des suffrages exprimés au premier tour. Le 6 décembre, il a recueilli 28% des voix. Et il a également progressé au second tour: avec 6,8 millions de voix, le parti dépasse son nombre de voix historiquerecueilli en 2012 lors de l'élection présidentielle. Enfin, le nombre de ses conseillers régionaux a triplé en cinq ans, ce qui permettra à Marine Le Pen disposer sans aucun problème des 500 signatures dont elle aura besoin pour se présenter à l'Elysée en 2017.  
On peut aller plus loin. Les accords droite-gauche dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Paca, s'ils lui coûtent ces deux régions, crédibilisent son discours sur "l'UMPS". Et présentent pour lui un avantage. En restant éloignée du pouvoir, Marine Le Pen ne risque pas de décevoir son électorat et pourra continuer de dire qu'avec elle, tout irait mieux.  
Le FN continue donc de séduire de nouveaux électeurs et de nouveaux militants. Surtout, ses idées gagnent les esprits: n'a-t-on pas vu, après les attentats, François Hollande reprendre à son compte des propositions du parti lepéniste? Or, selon l'adage bien connu du théoricien politique Antonio Gramsci, les victoires culturelles précèdent toujours les victoires politiques.  
Lors de ces régionales, le Front national a sans doute perdu politiquement, mais, dans les esprits, ses thèses ont encore progressé culturellement

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